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Bibliothèque du Congrès

Qui était Georgette Leblanc ?

Georgette Leblanc est une comédienne et écrivaine française. Elle naît en 1869 à Rouen dans la petite bourgeoisie normande et meurt en 1941. Artiste symboliste talentueuse, elle est connue en premier lieu comme comédienne et chanteuse lyrique aux répertoires variés, elle s’ouvre aussi au cinéma, à la sculpture, à l’écriture de romans et récits de jeunesse. Libération lui avait consacré fin 2020 un portrait dans sa série « Fières de lettres » en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, « Georgette Leblanc à la rencontre d’Emma Bovary« , écrit par Monique Calinon.

Parmi la centaine de personnes qui a répondu à notre sondage sur Twitter, 3 sur 5 ne connaissaient pas Georgette Leblanc, un peu moins de 10% la connaissaient par son frère Maurice Leblanc, auteur des aventures d’Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur, près de 7% la connaissaient comme artiste et près de 4% en tant qu’écrivaine.

De son vivant, sa notoriété passe les frontières (France, Belgique, Pays-Bas, Londres, Berlin, Scandinavie, Grèce, États-Unis, Mexique) et elle devient l’égérie de Maurice Maeterlinck, Henri Février, Alfred Bruneau, Marcel L’Herbier, etc. Elle a une vie tumultueuse : elle quitte son mari qui la bat et prend des cours pour devenir comédienne. Malgré son talent et sa notoriété grandissante, son public ne lui est jamais acquis et elle doit sans cesse refaire ses preuves. C’est cette détermination qui l’amène à toujours innover au fil des rencontres et à être au cœur de la modernité notamment en mélangeant les genres artistiques, en utilisant des tenues provocatrices et en investissant des lieux alternatifs.

15 portraits de Georgette Leblanc, vers 1892, Rijksmuseum

À son arrivée aux États-Unis dans la deuxième partie de sa vie, elle est également un temps journaliste et développe ses talents de metteuse en scène bien qu’elle soit peu connue comme telle.

Dans son autobiographie posthume La machine à courage, qu’on a relue sur Wikisource, elle évoque les coulisses et rebondissements (aussi bien des arnaques que des rencontres) de sa vie aux États-Unis après sa séparation avec Maeterlinck. Elle tient des spectacles à succès dans une maison abandonnée qui lui valent d’être repérée une agence. Elle part en tournée et peut retourner sereinement en France. Grâce à sa notoriété, elle participe à la diffusion des répertoires étatsuniens à Paris.

En tant qu’écrivaine, on lui doit Un pèlerinage au pays de Mme Bovary en 1913 (à lire aussi sur Wikisource). Elle y parle de son enquête auprès des habitants de Ry sur les traces de la femme qui nourrit l’héroïne de Flaubert.

Elle est également connue pour avoir été libertaire dans son art comme ses amours (relation libre, bisexualité), quitte à se retrouver dans les marges de la nouvelle époque. Elle est enterrée au Cannet aux côtés de sa compagne Margaret Anderson et de sa secrétaire Monique Serrure.

Sa première autobiographie, Le Choix de la vie, est en ligne sur le blog Les Introuvables lesbiens. Nous avions ajouté La Machine à courage au programme de notre atelier #WikisourceAutrices de juin 2022 (mois de l’histoire LGBTQ+ 🌈). La relecture du texte s’est terminée dans la foulée de notre dernier atelier #WikisourceAutrices, en janvier. Merci à Camille Islert pour avoir attiré notre attention sur l’autrice, en particulier dans son chapitre de l’ouvrage Écrire à l’encre violette, Littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours.

Nous avons ajouté la signature de Georgette Leblanc sur sa page Wikipedia, et signalons quelques ressources iconographiques supplémentaires sur le site du Palazetto Bru Zane, Centre de musique romantique française, d’où sont tirées les deux photographies qui illustrent ce billet (Studio Dupont, Bruxelles, fonds Leduc).

Clara V. et Philippe G.

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